Camp MEJ à Pied Barret Juillet 2025
Témoignage de Isabelle de Préville – septembre 2025
Un camp Mej avec des lycéens ? Jamais ! Je ne suis pas à la hauteur.
C’est par ce mot unique que je donne la réponse à Benoît, alors que nous prenons un temps, en fin d’année 2024, pour – déjà ! – préparer l’été 2025 et envisager éventuellement un engagement de couple.
Me mettre au service du MEJ, ce mouvement unique qui m’a nourri pendant des années ! Toujours !
C’est alors qu’une réflexion s’engage entre nous. Nous connaissons bien Pied Barret, lieu mythique entre Ardèche et Lozère, lieu de vieilles pierres et de prière, lieu pétri et foulé par les Jésuites depuis des décennies. Ce lieu, il nous est cher à tous les deux car nous nous y sommes presque fiancés il y a plus de 20 ans. Nous y avons précédemment fait des camps chantiers, en tant que jeunes, puis en tant que famille au fil des sessions « chantier et vie intérieure » proposées par différents jésuites. Or, le MEJ a décidé avec l’Association Pied Barret, d’initier des camps chantiers. Ces camps ne pouvaient s’adresser qu’à des ES, vu le travail à fournir sur le hameau et ses abords, sans compter l’escarpement du site.
Il est vrai que j’appréhendais beaucoup les jeunes lycéens, vifs, enthousiastes, portés sur les réflexions et choix de vie qu’ils ont à faire dans leurs dernières années de lycée. Nous étions habitués aux enfants de primaire que nous avions eu au cours des 6 camps précédents. «Ca roulait ». La routine est terminée, je décide de me lancer et de taire mes peurs !
Ce camp n’a été que florilège de bonheur avec les jeunes. Derrière chaque visage, une page d’Evangile ouverte ! Derrière chaque personne, un réservoir de vie et des ressources à foison… Jamais je n’ai appréhendé un échange avec un/e jeune. Tout s’est fait dans la simplicité du cœur. Il y avait les exigences du chantier (avec les aléas de la canicule mais aussi des orages) et celles qui entrent dans la pédagogie du MEJ.
Dès le début du camp, j’ai su que l’Esprit Saint était là et que c’était Lui qui nous portait.
Ceci est dû à la solidité de l’équipe d’animation, qui après une période de rodage, a su s’adapter aux exigences du chantier, des jeunes et de notre projet pédagogique. Egalement, Benoît, directeur, nous propose chaque soir un bon temps de reprise spirituelle personnelle avant toute intervention sur la logistique du jour ou du lendemain. Ce temps de relecture personnelle, puis collective (à l’aide d’un ou deux textes, la Parole de Dieu, et de 2/3 questions) a été pour moi (et j’ose dire pour d’autres membres de l’équipe), un ciment de nos 2 semaines de camp. Chaque soir, j’attendais ce moment de relecture spirituelle (notre Stop carnet d’équipe) avec impatience. Soif de me mettre sous le regard de Dieu et de mes frères, soif d’écouter (aumônier d’hôpital, j’essaie toujours de tendre l’oreille de mon cœur), soif d’être écoutée. Et tout ce partage dans une immense confiance, comme si nous nous connaissions depuis 10 ans !
Il a fallu se séparer. Rentrée chez moi, j’ai lu et relu les très nombreux mots des jeunes et des membres de l’équipe d’animation. J’ai réalisé combien la spiritualité ne vient pas d’une personne ou d’un fait particulier, mais d’un travail intérieur sur soi qu’il est si bon de partager avec des frères. Pour terminer ce témoignage, j’ajoute qu’à chaque fin de camp, Benoît et moi nous réjouissons car ces semaines partagées avec des personnes qu’on n’a pas choisies nourrissent notre vie de couple et nous amènent à nous rapprocher. Certes les débuts sont rudes, on arrive début juillet sur les genoux, la préparation est une contrainte qui s’ajoute à notre quotidien, mais que de grâces reçues ! Oui, au cours d’un camp MEJ, être au service est mon unique moteur.
Tout recevoir et tout donner ! voilà ce qui me tient debout !
Isabelle de Préville
